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Les élus de Syriza renoncent à leurs promesses
Les élus de Syriza renoncent à leurs promesses

229 députés ont voté en faveur des premières mesures imposées par l'Eurogroupe. Seuls 38 députés de Syriza ont voté contre ou se sont abstenus. le Parlement grec a donc capitulé devant le pouvoir exorbitant de la Troïka et plus particulièrement de l'Eurogroupe qui a imposé un plan encore plus drastique que les précédents, méprisant ainsi la démocratie et le vote du peuple grec.

Ce vote va évidemment avoir de graves conséquences pour Syriza qui entre du coup dans le club très majoritaire des formations politiques qui ont trahi leurs engagements de campagne. Une des premières mesures que leur impose l'Eurogroupe est justement l'annulation de toutes les lois votées depuis que Syriza est arrivé au pouvoir à l'exception des seules dispositions "humanitaires", selon la formule cynique employée par les eurocrates.

Les faucons qui représentent la finance ont donc eu raison de Tsipras et des modérés de Syriza. En obtenant la reddition du parlement grec, ils ont même réussi à rendre impopulaire cette coalition improbable des partis de gauche qui va maintenant s'entre-déchirer entre modérés et radicaux. A ce propos, lire l'intervention de Gabriel Colletis, économiste et universitaire à Toulouse (ICI)

Sur les 149 députés que compte Syriza, 110 ont voté pour le plan d'austérité imposé par l'Europe. 32 ont voté contre, parmi lesquels Yannis Varoufakis, l'ex ministre de l'Économie, remercié par Alexis Tsipras et Zoé Konstantopolou, la présidente du parlement. 6 se sont abstenus et un a préféré ne pas siéger.

Le gouvernement d'Alexis Tsipras a obtenu le soutien de toute l'opposition. 76 voix de Nouvelle Démocratie, 17 voix de To Potami, 13 voix du PASOK et 13 voix du parti souverainiste ANEL. Le oui obtient donc plus de voix (119 voix) des partis d'opposition, que du parti de Syriza (110 voix). C'est la preuve que le parti qui portait tous les espoirs du peuple grec s’appuie maintenant majoritairement sur les voix de l'opposition pour faire passer des mesures d'extrême austérité et antidémocratiques, pourtant massivement rejetées par ceux qui l'ont porté au pouvoir.

Dans ces conditions, on comprend que ceux qui ont voté non au chantage exercé par la Troika puisse se sentir trahis. Les affrontements devant le Parlement, alors que les députés s’apprêtaient à voter l'inverse de ce à quoi ils s'étaient engagés devant le peuple grec, en attestent.

Cette contestation pourrait bien s'amplifier les jours prochains, car les réformes imposées par les faucons de l'Europe ne concernent pas que l'économie du pays. Certaines d'entre elles s'attaquent aux principes démocratiques eux-mêmes. C'est le cas de la réforme de la justice, mais aussi du droit de grève. Là aussi des reculs majeurs devraient être imposés aux Grecs qui ne peuvent que constater les dégâts sans pouvoir intervenir directement dans les débats.

Le retournement opéré par le gouvernement d'Alexis Tsipras contre l'avis du comité central de Syriza aura de graves conséquences pour toute la gauche radicale en Europe. On ne voit pas en effet pourquoi des partis (Podemos) ou des coalitions de partis (Front de gauche) seraient mieux immunisés contre de tels retournements.D'ailleurs, Pablo Iglésias, le porte parole de Podémos reconnait qu'il aurait fait la même chose que son allié Grec.

La défiance s'installe dans les esprits et chacun se dit maintenant que la démocratie par délégation ne peut fonctionner que s'il existe des mécanismes de contrôle avec possibilité de révoquer les élus lorsque ceux-ci ne respectent pas le mandat qui leur a été donné. En l'absence de tels mécanismes, l'abstention continuera à gagner du terrain ainsi que les partis d'extrême droite qui seront toujours les grands bénéficiaires du déficit démocratique.

Philippe Soulié

Le chant des partisans en soutien au peuple Grec

Tag(s) : #Grèce

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