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C'est la forte augmentation des prix du carburant, et principalement celui du diesel qui a déclenché la fronde des automobilistes. Mais très vite, d'autres raisons ont été évoquées. Le chômage de masse, les bas salaires, l'augmentation de la CSG pour les retraités et le gel de leurs pensions, la disparition des services publics dans les villes moyennes, l'absence de transports en commun, et bien d'autres sujets.

Or, sur toutes ces questions, les syndicats les plus engagés avaient déjà mené des actions d'envergure, mais en l'absence de mobilisations massives, ils n'avaient pu obtenir de succès significatif.

À Montluçon, comme dans beaucoup de villes moyennes, l'opération du 17 novembre fut une réussite, car la voiture y occupe une place centrale, à défaut de pouvoir la remplacer par des moyens de transport plus vertueux, ce que beaucoup de personnes souhaiteraient.

Parmi les gilets jaunes, une partie non-négligeable affirme n'avoir jamais manifesté auparavant, se définissant volontiers comme la majorité silencieuse ayant accepté tous les sacrifices sans jamais broncher, si bien, que toute cette rancœur accumulée a fini par se transformer en ras-le-bol, puis en colère.

Plusieurs points de blocage ont été maintenus durant toutes la journée de dimanche et ce lundi après que le Premier ministre ait affirmé qu'il maintiendrait le cap de ses réformes, même s'il comprenait les inquiétudes et la souffrance exprimées. Une manière polie de dire qu'il resterait sourd aux revendications.

 

Filtrage des camions au rond point des lapins à Montmarault (photo RMB)
Des gilets jaunes à Vichy


En adoptant une attitude aussi rigide, le pouvoir prend le risque d'envenimer la situation, et de radicaliser le mouvement. Aux dernières nouvelles, sur l'Allier des blocages s'organisaient autour de certains nœuds routiers et/ou autoroutiers, avec comme objectif de ralentir le flux des poids lourds, tout en laissant passer les véhicules légers.

Ces initiatives de filtrage de la circulation ne sont pas toujours bien encadrées, et les manifestants n'ont pas forcément l'expérience nécessaire pour empêcher les dérapages qui peuvent se produire en pareille circonstance, comme cela a été constaté dès le premier jour. Les incidents pourraient donc malheureusement se multiplier.

À ce stade, il n'est pas possible de ne pas évoquer le traitement réservé aux organisations syndicales, suspectées au même titre que les formations politiques, de vouloir récupérer le mouvement. Pour les militant-e-s syndicaux qui s'investissent sans compter dans les luttes depuis de nombreuses années pour combattre les injustices sociales, l'obligation de cacher leur identité militante est souvent mal vécue.

Par ailleurs, des dérapages racistes, sexistes et homophobes (certes limités) ont aussi été constatés à certains endroits en France, d'où une réticence de certains syndicalistes à participer aux actions des gilets jaunes, par crainte d'être associés à des actes qu'ils réprouvent depuis toujours.

Il faudra donc une clarification sur tous ces points afin d'élargir sans à priori la mobilisation à l'ensemble des acteurs sociaux du monde syndical et associatif, puis organiser et structurer les actions sur le terrain, en s'appuyant sur la grande expérience de ceux-ci.

À Regardactu, nous couvrons les manifestations et les rassemblements des organisations syndicales et des associations citoyennes depuis de nombreuses années. En faisant cela, nous voulons leur donner plus de visibilité que ne le font les médias classiques. Mais compte tenue de l'aspect protéiforme de cette contestation populaire, de sa nature et de l'absence d'objectifs à moyen et long terme, il est difficile de dire quelle forme et quelle orientation idéologique s'affirmera plutôt qu'une autre. Nous observons donc avec beaucoup d'intérêt l'évolution de ce mouvement de lutte avec l'espoir qu'il ne se trompe pas de cible.

Tag(s) : #Le département

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