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Il y a peu de temps, un lecteur de Regardactu nous a fait parvenir une contribution pour faire part de ses préoccupations à propos de la construction d'une nouvelle Médiathèque. Le questionnement pouvait se résumer ainsi « Quel pertinence pour un tel projet ? ». Les commentaires, parfois polémiques et vigoureux ont montré à cette occasion que le sujet est clivant et très politique.

Regardactu a sollicité l'avis de Paul Crespin qui fut en responsabilités à l'époque où le Centre Boris Vian fut aménagé du temps où Pierre Goldberg présidait aux destinées de la ville. Voici son analyse :

 

 

Il y a une « problématique de lecture », nous dit-on au niveau de la Communauté d’agglomération ! A Montluçon pourtant, développer la lecture pour tous est un enjeu qui vient de loin. Sans entrer ici dans le détail de cette histoire liée aux luttes sociales, aux besoins d’accès à la culture, pour autant des noms d’acteurs de ce développement résonnent dans nos têtes.

Disons-le sans détour, la marque laissée par E. Montusès, maire adjoint de 1908 à 1912 chargé de l’instruction publique s’y consacrera avec brio, fort de sa culture étendue à de ses qualités de créations multiples. Il fut le conseiller général de Montluçon-Est de 1919 à 1925. ET il sera le 1er bibliothécaire de la ville et ce n’est pas anecdotique.

Celle laissée par Jacky Flouzat ne fut pas des moindres comme adjoint au maire à la culture des années 1980 et lui également conseiller général… du Canton Sud. L’apport de Jacky Flouzat comptera pour beaucoup dans le développement d’une politique culturelle vaste et liera son nom à l’existence du centre Boris Vian !

Il serait dommage de ne pas évoquer leur apport à propos de la mise en œuvre d’une nouvelle bibliothèque/médiathèque …Et on ne peut que s’alarmer d’entendre dire que dans cette foulée, nous ne comprendrions pas tout l’intérêt qu’il peut y avoir à se rapprocher d’un quartier populaire.

Initiative et citoyenneté

Réfléchir, discuter cette question d’une nouvelle réalisation, disons le nettement, largement concoctée par le haut, est un acte de prise de responsabilité citoyenne. L’ensemble des questions d’actualité qui sollicitent notre attention –L’économie et emploi, le logement social à sauver, les possibilités de se soigner, d’assurer les études aux jeunes, de défendre de bonnes conditions de retraite, etc. etc. – forment un tout duquel ne peuvent s’échapper l’accès à la culture, le besoin de lecture, l’approche aux différentes formes de l’art. Pour autant, la problématique de cette lecture publique est-elle dans une situation de dégradation et d’urgence qu’il faille se précipiter pour faire évoluer la pratique municipale, l’élargir en intercommunalité, sans solliciter le maximum d’avis ?

Il est bon de se rappeler le contexte de la mise en place des Ilets

D’abord en ne négligeant pas de se souvenir qu’il s’agissait de l’aménagement d’un parc existant sauvé de la destruction liée à un projet des anciennes municipalités d’avant 1977, d’y faire passer une pénétrante routière ! La mobilisation populaire ne l’a pas permis. Mais l’intérêt de la chose n’est pas seulement là, elle tient aujourd’hui de par sa richesse et la qualité de ses équipements sociaux culturels qui répondent aux besoins.

Penchons-nous sur ce qu’en disent les offres de mise en valeur des sites touristiques ou d’animations culturelles. Citons des informations souvent diffusées : « Les chênes, les acacias, les épicéas donnent un aspect boisé à cet espace de 25 000 m2 (dont 9 500 m2 de pelouse appréciés des familles et des enfants)… » Ou bien encore « un parc devenu Boris Vian avec l’installation d’un théâtre dramatique national, un fond d’art moderne et contemporain … », auxquels nous devons ajouter la réorganisation de « la ferme » équipée largement et offrant l’occasion de fêtes familiales ou associatives, sans oublier la transformation des ex bâtiments industriels, (coiffés de sheds, ces toitures en dents de scie, offrant une luminosité extra) en salles de travail associatives, d’activités sportives etc. Et bien sûr, la bibliothèque/médiathèque municipale.

Sauvegarder le patrimoine

Qui peut nier que se trouvent aux ilets, sous l’angle de son architecture ancienne, des aspects de l’histoire ouvrière de notre cité. Un large patrimoine culturel à sauver et à donner à voir…

 

Ferme des Ilets

Alors, comment apprécier que le nouveau projet d’amélioration du service médiathèque ne puisse se faire sur un endroit et dans un cadre aussi propice ? Il s’agit nous dit-on d’étendre au niveau large de la couronne montluçonnaise, une activité lecture en réseau. Un réseau qui existe déjà avec des équipements sur Domérat et Désertines ajoutés à ceux de Montluçon, Ilets et Fontbouillant.

La délibération du conseil d’agglomération en vue de construire un nouvel équipement stipule la décision des élus ainsi : « Déclare d’intérêt communautaire la construction d’une nouvelle médiathèque sur le territoire de Montluçon Communauté et décide de l’ajouter en temps utile (?) à la liste des équipements d’intérêt communautaire au titre des compétences « construction aménagement, entretien et gestion d’équipements culturels. »

Dans cette délibération, les indications des budgets prévisionnels n’apparaissent pas par contre, on sait quelles dépenses sont déjà actées pour la maîtrise d’ouvrage 90 000 euros, pour les études, la programmation et la faisabilité 150 000 euros.

Les votes suivent alors pour les élus avec : 45 personnes qui donnent une voix pour (la majorité des amis de Mr Dugléry président. 6 personnes qui s’abstiennent, ce sont MM. Amathieu, Glomot, Pentier, Pierre, Pozzoli, Roudillon, et 9 qui votent contre. MM. Bernard, Besson, Buvat, Kott,
Depriester, Martin, Meunier, Sanvoisin et Werth.

Information et transparence

Les éléments d’informations qui percent depuis, alimentent une atmosphère assez étrange. Ces derniers jours, La Montagne titrait-elle sur toute une largeur de page : « Ce que l’on sait du projet médiathèque », laissant supposer qu’il y’a des éléments que l’on ne sait pas.

Ainsi sur le pourquoi d’une telle construction aujourd’hui ? Y a-t-il, l’urgence d’un besoin de lecture insatisfait sur la ville centre ? Rien ne le prouve. Y a-t-il péril en la demeure et besoin absolu à sortir des Ilets. Rien ne le démontre, si ce ne sont des affirmations, plus que légères, de défauts techniques des bâtiments existant. Argument suprême relayé dans le journal « Boris Vian n’a jamais été conçue pour accueillir une médiathèque !!! » La belle nouvelle ! Mais à ce petit jeu malsain, l’ensemble des bâtiments y compris le théâtre n’ont pas été construit non plus par avance pour les activités accueillies. Est-ce à dire qu’on pourrait y faire du mauvais travail ? Comment croire que les techniques actuelles, les moyens industriels de rénovations ne seraient pas capable de transformations adaptées, ce n’est pas très plausible…

 

Théâtre des Ilets

La nouvelle médiathèque sera largement différente à aujourd’hui ! Sans aucun doute. Non seulement son cadre mais aussi ses caractéristiques techniques. Il est question d’un lieu ouvert « un endroit de sociabilité » plus même un « Tiers lieu ». Un terme très à la mode dans certains milieux
économiques. Et d’expliquer savamment : « Ni un premier lieu (la demeure), ni un second lieu (là où se trouve le travail), non ! Un tiers lieu puisque se tiendront proche du nouvel équipement divers autres installations de petites unités d’activité, type: « laboratoire de fabrication » d’objets variés…

 

La médiathèque de Boris Vian

 

Mais est-on toujours là, bien installés dans la préoccupation première, celle d’une problématique à résoudre permettant de favoriser la lecture au plus grand nombre ? D’autant que s’adjoindra au projet médiathèque, le Multiplex cinéma, idée tenace et renouvelée du président Dugléry qui s’affronte aux tenants du maintien en place du cinéma « Le Palace » sur le boulevard.

Un projet couteux

Dans ce contexte de prise de décision par le haut, qui conduit à des transferts d’équipements existant vers des constructions neuves coûteuses pour les deniers publics, plusieurs questions demeurent. Celle des équilibres financiers d’une opération à tiroir n’est pas des moindres. 6,4 millions d’euros. Et dans ce coût, nous est-il dit, 79 % en apport extérieur

Ce que laissent apparaitre, certaines observations lancées par l’opposition municipale, c’est que la construction évaluée à 6,4 millions, risque de coûter bien au-delà. D’autant que l’on ne voit pas où s’inscrivent les dépenses pour les installations annexes dont l’achat des terrains (5 à 700 000 E), la création du parking (390 000 E), les aménagements extérieurs (400 000 E). Sans connaître par avance les coûts du nettoyage et de la dépollution éventuelle des terrains industriels ?

Bien évidemment ici, en l’état des progressions du dossier, on ne nous indique pas les charges en fonctionnement de ce nouvel équipement. En matière culturelle, on sait que les charges de fonctionnement pour ce genre d’équipements neufs à caractère public, tournent autour, annuellement, des 12% du coût de l’investissement initial.

Alors, quelle conséquence pour Boris Vian dans l’immédiat après le départ du conservatoire et celui suscité de la Médiathèque ? Il est permis de se préoccuper de la question face au rôle du site multiculturel et de chacun de ses équipements. La question de la non réorganisation possible de l’existant étant tristement par avance établie, que va-t-il se passer ? Les amoureux nombreux de cet ilot de culture montluçonnaise dans tout le sens du terme, sont habilités comme citoyens à s’interroger.

On y assurera une bibliothèque de quartier déclare-t-on en réponse au questionnement légitime des citoyens et des acteurs de terrain. La question n’est pas subalterne, dans quelle vision travaillent les élus majoritaires, dans quel but ?

A-t-on le droit d’en savoir plus, en toute logique de gestion démocratique… Ou est-ce là un domaine réservé ?

Paul Créspin

Tag(s) : #Montluçon, #Culture-loisirs

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