La nuit des musées au château de La Louvière

Vingt heures trente, nous avons rendez-vous avec notre guide affublé d'une toge sombre et antique. Nous sommes une quarantaine équipés de torches dignes de gentlemen cambrioleurs pour la plus part, d'autres ont prévu leur APN (Appareil Photographique Numérique). Avec son couvre-chef feutré, notre hôte nous indique qu'elle a été désignée par sa confrérie d'amateurs d'art tragiquement disparus et qu'elle nous fera la visite de sa demeure de son vivant. Les murs ont des oreilles dit-on. Ceux de La Louvière nous parlent grâce à la prodigieuse histoire de ses fondateurs, le couple Troubat Le Houx.

Amateurs d'art, ils ont accumulé beaucoup de belles choses et ont fait de leur château contemporain de leur époque un petit musée. L'aménagement du jardin marie les styles français et anglais par secteurs avec des pointes d'exotisme ombrageant là et ici de hauts-reliefs évocateurs de bien beaux épisodes de la vie dans le luxe.

Les hauts plafonds de la demeure nous démontrent qu'il n'était pas abaissant de faire fortune dans la bourse au point de dépenser sans compter dans les choses belles d'esprit. C'est en médaillon ou en buste de sculpture façon empire romain que nous retrouvons nos heureux propriétaires, nous faire la morale de la Paix et de ses vertus. Mais bon, ils ne se sont jamais rendu compte que c'était la course à la bourse qui a alimenté les canons des futurs belligérants, dont ils faisaient partie sans le savoir.

Du coup dans cette demeure, il y a beaucoup de style antique et rétro. On ne peut pas dire que les novateurs du début du XX ème siècle, les cubistes, les suprématistes, par exemple, aient beaucoup retenu leur attention et surtout leur foi en eux. Ils y a quelques post-impressionnistes mais pas véritablement les plus marquants (j'ai noté une toile de Fromentin à la lueur d'une torche).

Ce que j'en retiens, c'est que le fait d'avoir fait fortune ne leur a pas donner les clés de la connaissance et surtout du ressenti "où se trouvait l'émergence de l'art de leur temps". Mais à leur décharge peut-être que des artistes du style comme Pablo Picasso ou Henri Matisse étaient déjà inaccessibles à leur regard.

Aurore Petit nous a fait l'honneur de cette visite et au moment de prendre congé, nous a repris la citation en latin inscrite au fronton de l'édifice. Le bonheur de transmettre et d'évoquer l' inspire beaucoup et ceci pour notre plus grand...bonheur.

Il est vingt-deux heures et la nuit nous emmitoufle.Je n'ai pas vu le temps passer.

Didier CIANCIA envoyé spécial au château de La Louvière Montluçon.

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