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Le coup de blues de Mélenchon

C'est une interview qui fera date dans les annales et c'est Hexagones, le nouveau site d'information en ligne qui l'a obtenu (lire ICI mais il faut être abonné). Jean-Luc Mélenchon s'est, en effet confié et a concédé sa fatigue et sa lassitude. Cette fois-ci, l'affaire parait sérieuse. Le tribun du Front de gauche semble atteint par l'échec des Européennes ainsi que par le succès du Front national. "J'ai besoin de dormir" se confie-t-il aux journalistes d'Hexagone. On sent le doute qui l'envahit lorsqu'il ajoute "Marine Le Pen a du talent et a même une chance de s'imposer aux présidentielles de 2017"

On savait Jean-Luc Mélenchon fatigué, même s'il s'en défendait sur son blog quand certains internautes s'en inquiétaient. Cette fois-ci, on sait avec certitude que cette fatigue est bien réelle et pourrait bien s'apparenter à une forme de "burn-out" consécutif aux derniers échecs du Front de gauche face au Front national, que ce soit aux Présidentielles, aux municipales ou dernièrement aux européennes.

Le choix de certains dirigeants du Parti communiste de continuer à privilégier des alliances mortifères avec le Parti socialiste contre l'avis de beaucoup de ses militants de terrain, a certainement contribué à décrédibiliser aussi le Front de gauche aux yeux de nombreux électeurs qui ont considéré pour certains d'entre eux que ces alliances ne permettaient plus de faire la distinction entre les uns et les autres, ce qui explique peut-être que les candidats se réclamant du Front de gauche ont également fait les frais du vote sanction infligé aux candidats socialistes, notamment aux élections européennes.

Au Parti de gauche, on aimerait bien faire évoluer les alliances et pourquoi pas se rapprocher des écologistes, mais les tentatives semblent infructueuses, car les verts tiennent trop à leur indépendance et surtout, ces derniers n'approuvent pas les coups de gueule "du trublion" du PG et là aussi, on est dans l'impasse.

La situation semble donc bloquée à gauche. Et face à cette situation, toutes celles et tous ceux qui sont victimes de la crise n'ont guère d'autre choix que de s'organiser eux-mêmes en dehors du champ des organisations politiques en multipliant les initiatives de contestation sociale et de lutte afin d'empêcher que leur situation ne s'aggrave un peu plus, d'autant que le MEDEF s'apprête à lancer de nouvelles offensives massives contre les acquis sociaux issus des luttes et du CNR au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (lire LA).

Cette année, la rentrée sociale sera donc déterminante. Après les luttes des cheminots, des postiers, des intermittents et des précaires du début de l'été, le mouvement social est-il capable de prendre une forme unitaire ? C'est la question, et c'est peut-être ce qui manque le plus dans la période. Car à trop vouloir s'appuyer sur un leader, quelles que soient ses qualités d'ailleurs, on oublie que sans l'implication du plus grand nombre la remise en cause de l'ordre établi par un système entièrement tourné vers le profit, n'est pas possible. Le retrait du devant de la scène politique, de Jean-Luc Mélenchon, ne serait-ce qu'un temps, ne serait pas un drame en soi si d'autres acceptent enfin de prendre toute leur part dans un combat qui les concerne au premier chef. Faute de quoi, effectivement en 2017, c'est l'extrême droite qui prendra le pouvoir.

Philippe Soulié

Plus d'infos :

France Infos

Le Figaro

Le JDD

 Sans l'implication du plus grand nombre la remise en cause de l'ordre établi par un système entièrement tourné vers le profit, n'est pas possible

Sans l'implication du plus grand nombre la remise en cause de l'ordre établi par un système entièrement tourné vers le profit, n'est pas possible

Tag(s) : #Billet d'humeur

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