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Le nouveau panorama électoral sorti des urnes dimanche soir n’offre pas beaucoup de raison de se réjouir pour ce que parfois l’on nomme encore le Peuple de gauche, et bien évidemment de tous ceux qui souffrent des méfaits des politiques mises en œuvre au plan européen et national.
On peut qualifier la situation nationale et européenne de dangereuse, inquiétante même. Des projections  sombres  peuvent s’imaginer  avec la montée des forces réactionnaires voire fascisantes en de multiples endroits.

Notre pays n’y échappe pas loin s’en faut. Et il faut le constater, les forces libérales antisociales, autoritaires encouragent les dérives. Un duo infernal est aux manettes et fait feu de tout bois. Et pendant ce temps, les urgences sociales et écologiques restent sous estimées dans leur cohérence et leur réciprocité. Que 45% des  suffrages exprimés se retrouvent encadrés dans  les franges d’influence du couple infernal Macron/Le Pen est  terrible à constater.

La crise des gilets jaunes n’a pas trouvé de solutions et la prise de conscience de la crise climatique peut être très vite détournée… La poussée électorale des verts EELV de Mr Jadot  sera-t-elle durable et efficace dans les luttes écologiques à mener ou comme dans un passé récent (1989 et Mr Cohn-Bendit ayant depuis rejoint le camp macroniste) ne sera-t-elle qu’illusoire ?

On voit déjà des opinions  s’exprimer qui montrent au-delà du sens à donner au poids des abstentionnistes (50% du corps électoral qui doutent et plus des bienfaits des politiques libérales) dans la foulée du scrutin 54% de ceux qui se sont mobilisés expriment une claire insatisfaction des résultats enregistrés. Et  74% des gens souhaitent que le président Macron change de politique…

Pour autant, la recomposition issue de la période présidentielle de 2017 n’a pas fini de  redisposer le rapport des forces politiques en présence sur tout le territoire  national. Il faut sans doute plutôt parler de décomposition/reconstruction  et la volatilité des électorats en atteste.

D’abord à droite, avec l’éclatement de la droite classique écartelée entre FN et LRM. Mr Xavier Bellamy se retrouve à la tête de la liste Les Républicains  avec un étiage inférieur à 10% des exprimés

Également dans la gauche traditionnelle de gouvernement, avec un PS éclaté  déjà désavoué en 2017 et qui rebaptisé Place Publique Nouvelle Donne, n’en reste pas moins au niveau de ses résultats de la présidentielle de 6%. De même pour un PCF en évanouissement depuis quelque temps (2008 et le score de Marie Georges Buffet  à peine avec 2%)  et qui ne remonte pas la pente ! Cette fois ses 2, 60% ne donneront pas lieu au remboursement des frais de campagne !

Et, bien évidemment, avec une perte concrète de suffrage pour le Mouvement des Insoumis qui  chute à 6,31% alors que les sondages de fin de campagne lui en promettaient entre 9 et 10%. Il était, rappelons-le, à 11% aux législatives de 2017. Et pourtant le renouvellement de sa liste, sa jeune tête de liste Manon Aubry, ont été notés comme des éléments prometteurs.

Sans doute que l’avancée forte des présidentielles 2017 (19,7 %) n’a pu se reproduire dans un contexte d’attaques forcenées et de coups montés, en sachant que la non  homogénéité de sa force électorale de 2017 était vulnérable. Et donc l’existence d’un fort  retrait constaté à ces Européennes et une existence d’un noyau dur électoral  se situant de 7 à 10 %actuellement. Ici les études de sorties des urnes indiquent déjà que près de la moitié des électeurs de J.L.Mélenchon se sont abstenus ou ont voté blanc ou EELV.
Ainsi pour les catégories des jeunes de moins de 34 ans, selon ces études nationales 70% ne se sont pas déplacés pour cette consultation du 26 mai. Et parmi  ceux qui ont pris part, deux sur trois ont rejoint la démarche écologique et opté les tous derniers jours pour les Verts de la liste de Mr Jadot. Peut-on penser que le travail de la FI sur la question de l’urgence climatique se soit alors évanouie dans les nuages du vote utile favorable aux Verts dans les derniers jours ?

Les résultats d’ensemble du pays ne peuvent se comprendre avec leurs effets à suivre, sans mesurer les évolutions survenues depuis 2014. C’est-à-dire depuis la dernière élection européenne… Mais aussi  alors que le Pays traverse une double crise sociale/écologique majeure.  Six mois de gilets jaunes et de crise démocratique, une urgence écologique  indiquant qu’il reste 12 ans pour endiguer la crise climatique en cours d’évolution irrémédiable.  Ce sont ces éléments de la toile de fond politique durable qui traversent la séquence électorale actuelle !

Chacun aura en responsabilité à savoir appréhender les évolutions survenues et à se déterminer en conséquence face aux attentes sociales et environnementales, aux besoins de justice fiscale, de redéfinition de la démocratie tant bafouée par les gens qui gouvernent un pays balloté au gré des crises d’un capitalisme aux abois.

Examinons  la situation  nationale, qui ressort des votes du 26 mai.

Nous le faisons ici en comparant ce qui est comparable au plan national :

FN / RN     24 % en 2014        23,31 % en 2019

Un gain de voix pas conséquent en pourcentage mais qui permet aux analystes médiatiques  de désigner GRAND VAIQUEUR LE R.N de Madame Le Pen et Monsieur J.Bardella.

Droite LR / UMP 20,80 % en 2014    8,3 % en 2019

LERM, inexistant 2014        22.4 % en 2019

La liste officielle du pouvoir arrivée seconde mais qui, disent  les tenants du macronisme, n’a pas perdu…

Les Verts EELV    8,95 % en 2014        13 % en 2019

C’est de fait le seul gagnant des résultats comparés depuis 2014.Et compte tenu des listes en présence cette fois le constat évident d’une récupération d’une partie des électeurs Macron de 2017, voir de la Fi comme signalé plus haut.

FI (FG/PCF-PG)    6,33 % en 2014        6,31 % en 2019. ( FI seule)
La variation des scores réalisés de 2017 à 2019 est une question qui interpelle les dirigeants de cette nouvelle formation et leurs deux ans et demi d’activité militante.

PS         13,98 % en 2014    6,35 % EN 2019

L’ensemble des autres listes reste dans les mêmes  eaux électorales que celles de 2014, même si de nouveaux venus ont postulé dont celle des gilets jaunes et autres écologistes…Ensemble elles recueillent de l’ordre de 8 à 10% ?avec mention spéciale au PCF qui ne se relève pas de ses chutes successives depuis les années 90/2000.

La question maintenant récurrente de l’abstentionnisme politique est un fait qui reste essentiel d’une élection à l’autre. Son contenu éminemment engagé, de colère, de refus à subir, ne peut plus être tenu comme nul.

Ainsi pour 2014, 57,5 % d’abstention était un record. Pour 2019, celle-ci se réduit à 51% à peine. Notons une fois encore les tromperies assénées quotidiennement qui l’annonçaient à la veille du scrutin à 54 %...

Il y a de quoi s’interroger sur les méthodes de propagande initiées en haut lieu à propos de cette dérive de « démocratie sondagière » tant mise en acte aujourd’hui !!!

Sans doute les prises d’initiatives et mobilisation populaire sur les questions climatiques ont elle aidé à une meilleure contribution électorale favorisant avant tout les Verts… Sans doute faut-il à contrario noter les très faibles mobilisations des marcheurs Gilets Jaunes dans la même période, voir leurs erreurs de stratégie de luttes et de rassemblement…

Malgré les efforts de certains mouvements dont la FI, la concordance et complémentarité de luttes pour les justices sociales et lutte écologique n’ont pas pris  consistance électorale. D’un côté le rejet des politiques (tous pourris) a troublé plus qu’éclairé le débat et les choix des électeurs et de l’autre  la difficulté à faire naitre un réel débouché social-écologique aux difficultés des gens a persisté.

Dans ce contexte, l’enfoncement dans la crise sociale écologique se place comme un fait essentiel de la situation dans le pays et en Europe, avec en prime l’existence qui risque d’être durable du jeu infernal du  « à toi à moi » entre Lepenistes et Macroniens patentés !

-    Le duo infernal extrême droite, extrême marché libéral qui totalise 45 % des électeurs ( mais seulement 22/23% des inscrits)exprime en France, non seulement les impasses de possible débouchés alternatifs aux politiques réactionnaires actuelles mais aussi l’accélération  des dangers encourus de leur mainmise politicienne sur le Pays avec les orientations suicidaires d’une  commission européenne à la dévotion des grands marchés financiers.

-    Tout cela augure mal de l’avenir social et démocratique. Certes, l’opposition radicale représentée par les mouvements sociaux, par la FI et les élus de Maintenant le Peuple sera en place mais devront faire face à une nouvelle grande coalition européenne allant des Verts à LREM en passant par  LR et autres socialistes  réformistes. E. Macron s’y consacre depuis dimanche en appelant différents leaders de parti et de gouvernements.

-    Chacun sera alors placé devant ses responsabilités ou devra s’attendre à de nouvelles phases de pression des lobbyistes et des leaders allemands pour plus de concurrence libre et non faussée, pour plus de pression de la règle des 3% de déficit, de pression salariale et d’atteinte aux droits humains, de destruction de nos potentiels industriels…

-    tant et tant de politique antisociale et anti sortie de crise climatique. Et dès lors apparaitrons les duperies des formations placées en tête de ces élections ramenées à un débat où les enjeux de sortie de crise de notre société libérale en faillite ont été le plus souvent passés sous la table.

Sur le département de l’Allier

Ex département de bonne influence communiste et socialiste

En effet jusqu’en 2014, une majorité communiste/socialiste gérait ensemble le département de l’Allier. Rappelons aussi que dans l’état actuel des choses, Moulins, Montluçon, Vichy, Commentry, Cusset sont gérés par la droite républicaine. Et soulignons aussi que le parti Les Républicain gère le Département de l’Allier et la grande Région Auvergne Rhône Alpes …

Observons alors rapidement les rapports électoraux suivants pour l’Allier :

2019    FI    8 452 voix      6,71 %    Rappel  2014    Fi absente en tant que telle

FG    11420 = 10,30 %

PCF    6 202 voix     4,93 %    ……rappel…….       PC composante principale du FG

PS    7 211 voix     5,73 %    ……rappel…….     17438 = 15,70 %

Verts    11 403 voix     9,05 %    ……rappel…….     6355 =   5,8 % ,8,20% avec LE

Hamon 4 196 voix     3,33 %    ……rappel…….      Sur liste PS

LREM    24 628 voix    19,55 %   ……rappel ……      Absent en tant que LERM

LR    14 021 voix    14,04 %   ……rappel……...         25 864 = 23,30 %

RN    32 035 voix    25,43 %   ……rappel…….      27 235 = 24, 5 %

On remarque que les variations de score touchent tous les électorats et que PC + FI font plus que le FG de 2014 avec une nette prédominance de la FI actuelle dans un département de très bonne implantation PC… L’implantation FI en Allier est de forte consistance dans un contexte pourtant difficile des rapports à gauche avec le PC entre autres manifestant une mauvaise humeur non retenue quant à la présence et l’activité régulière des groupes d’action de la France Insoumise sur le terrai

Faisons ici un premier  examen  de la situation sur Montluçon.

Sur la ville centre du bassin montluçonnais les résultats laissent apparaitre des caractéristiques politiques concrètes à bien observer. En particulier la réalité d’une abstention qui est plus  forte sur la ville centre que nationalement. 51,42% ici pour 48,80% sur le Pays. Moins 2,60% d’autant plus sensible et contradictoire sur les quartiers populaires de la ville où l’on remarquera les bons scores de la France Insoumise…

Première remarque. Comme partout le Rassemblement National se retrouve en tête, assez largement avec 22,61% des suffrages exprimés. Et l’on voit que le gain en pourcentage est de 2,2 points sur 2014 alors qu’il était arrivé second derrière le parti de Messieurs Sarkozy/Fillon. Il s’agit donc en l’état plus d’une confirmation pour le RN que d’une révélation.

Deuxième remarque. Les Républicain bien installés en Allier et sur la ville, se retrouvent une fois encore sérieusement à la peine, après les législatives de 2017. Sous l’ancien sigle UMP, la droite dure républicaine avait obtenu en 2014 un score de 25,4% elle était en tête. Aujourd’hui la chute est lourde avec seulement 11,97%. On ne peut pas parler d’un accident ou d’une erreur de casting. Comment Messieurs Laporte et Dugléry vont-ils expliquer ce nouveau revirement ? Vont-ils se considérer comme piratés par les thèses du Macronisme gouvernemental et alors s’abandonner aux conséquences  des étranglements des collectivités locales opérés par les maitres de l’Elysée et du gouvernement, et abandonner les Montluçonnais alors à leur triste sort ?

Troisième remarque. Pour celles des listes qui sont classiquement rangées à gauche par nombre d’observateurs : deux listes arrivent en avant de cette catégorie électorale : Les verts EELV de Mr Jadot et la France Insoumise de Manon Aubry. De 0,60% la liste des Verts est devant. Notons-le, ce sont les deux formations en pointe sur les questions de l’urgence écologique associée aux questions de l’urgence sociale. Si les Verts sont présents  mais peu organisé sur les champs larges de la politique, sachons reconnaitre que la France Insoumise sur le secteur Montluçon/Commentry  l’est depuis 2017 et qu’elle y est très présente depuis.

Et l’évidence qui apparait c’est que la FI supplante le PCF  et le Parti socialiste qui sont maintenant loin de leurs heures de prédominance hégémonique des décennies passées.Cette  réalité politique locale  s’imposent à tous.

Quatrième remarque et non des moindres, dans un contexte national de pression idéologique, médiatique et policière renouvelée jour après jour depuis l’émergence du mouvement des gilets jaunes, le score de la liste LERM de Madame Loiseau avec 19% sur la ville, n’apparait pas comme le succès escompté. Arrivée seconde derrière le RN, elle est en  retrait des résultats de 2017 des candidats présidentiels et législatifs de sa formation pourtant élargie depuis.

Cela laisse-t-il augurer de nouvelles volontés de déconstruction/reconstruction politiques voir électorale sur tout le secteur de la région Montluçonnaise comme cela se dessine au plan national ?

Conclusion : étude à poursuivre, à enrichir au-delà de cette première approche des enseignements du scrutin  Européen 2019. Localité par localité certes mais par bureau de vote également pour une meilleure compréhension des attentes populaires et mobilisations ou non.

Paul CRESPIN  le 28/05/17

 

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