50 ans, ça se fête, non ? Cette expression ne correspondrait pas bien à l’esprit de l’initiative organisée le 4 mai en fin d’après-midi à Désertines par l’Union Départementale CGT en présence de Philippe Martinez, Secrétaire Général. En effet, l’heure n’était pas à une banale commémoration, mais à un moment d’appropriation par les militants de l’organisation et plus généralement le public présent de ce moment d’Histoire Sociale avec les enseignements à en tirer pour aujourd’hui et pour demain.
La journée s’est avérée fort chargée pour Philippe Martinez qui a commencé tôt dans la matinée par une rencontre-débat avec les militants CGT de Manitowoc à Avermes , puis avec ceux des caisses de Sécurité Sociale à Moulins, une distribution de tracts au restaurant administratif et le repas avec les agents des services publics, et enfin ( !) une rencontre avec les agents du Conseil Départemental, et les Cheminots en lutte. On sait que Philippe Martinez s’emploie à rencontrer le maximum de militants et de salariés quand il se déplace partout en France, ce qui est très apprécié dans son organisation.
Réunion publique, donc, plus tard, dans le bassin montluçonnais, avec la participation appréciée de militants d’autres organisations, notamment de Solidaires, car il ne s’agissait pas pour la CGT, comme l’a dit Laurent Indrusiak, SG de l’UD, de s’approprier à elle seule tout ce qui s’est passé il y a 50 ans. Il faut tout de même reconnaître, en particulier dans l’Allier, que la CGT était la force principale du mouvement social de mai 68. Les divers témoignages qui ont été présentés, d’une part dans un montage vidéo, d’autre part de vive voix, étaient riches d’exemples parfois très forts de déclenchements de grèves et d’occupations d’usines. La vidéo de 40mn était en quelque sorte un échantillon d’un document de 4 heures qui représente un matériau intéressant pour les historiens.
Deux temps de débat ont ensuite été consacrés à la mise en perspective de mai 68 avec la situation actuelle, les luttes et la question des convergences. Époques différentes, certes, mais questionnements très voisins quand sont abordés les problèmes du renforcement des organisations syndicales, la démocratie dans le syndicat, l’unité syndicale… Évidemment, certaines conquêtes très importantes de mai 68 pour les salariés ont été évoquées : l’augmentation du SMIG de 33% au niveau national, la réduction du temps de travail, la reconnaissance du syndicat à l’entreprise…
Par ailleurs,le hall de la salle Germinal accueillait une exposition sur mai 68 sous forme d'une quinzaine de panneaux qui sera mise à la disposition des syndicats CGT du département pour une large diffusion dans les entreprises et les Services Publics
Un buffet bien garni a permis aux participant-e-s de continuer cette soirée dans la convivialité. Les actrices et acteurs de mai 68 ont ainsi eu l’occasion de conter maintes anecdotes aux jeunes militant-e-s, qui ont pu mesurer que les employeurs à l’époque étaient sans doute aussi rétifs aux progrès sociaux que ceux d’aujourd’hui. Ils avaient pourtant plié ! Et si on remettait ça ?
L’UD CGT a édité un numéro spécial de son périodique Echo-Flash habituellement destiné à ses adhérents, qui pour l’occasion a une vocation de diffusion publique. Il contient en effet une foule d’informations sur la chronologie des luttes sociales de mai 68 dans l’Allier, à partir du travail considérable des bénévoles de l’Institut d’Histoire Sociale du Bourbonnais (IHS).
L’IHS du Bourbonnais réalise une publication régulière qui retrace, tout au long de ses numéros, des moments importants de l’Histoire Sociale de l’Allier depuis la fin du XIXe siècle. Le travail de recueil et de classement de documents relatifs aux syndicats réalisé par l’IHS depuis des années a conduit à la production d’archives qui constituent une référence en la matière. De temps en temps, ces archives sont consultées par des étudiants, notamment à l’occasion de la réalisation de leurs thèses.
Ci-dessous l'interview de Philippe Martinez par la presse locale :
Lors de la soirée, Laurent Indrusiak, le secrétaire de l'Union départementale de l'Allier a présenté le numéro d'avril/mai 2018.