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Juani, militant à la CNT nous a fait parvenir un texte en forme de plaidoyer en faveur de la grève générale illimitée. C'est un thème qui revient de manière récurrente dans les débats entre syndicalistes qui partagent le même combat contre le système de prédation du libéralisme.

Si beaucoup sont convaincus que la grève générale illimitée pourrait permettre d’arracher de solides avancées pour les salariés, les avis divergent cependant sur les moyens d'y parvenir. Pour une grande majorité d'entre eux, la grève générale illimitée presse bouton n'est qu'une vue de l'esprit vouée à l'échec si elle n'a pas été décidée et préparée en amont par les salariés eux-mêmes sur leur lieu de travail, son extension aux autres secteurs de l'économie relevant le plus souvent d'une subtile "alchimie sociale" lorsque les convergences deviennent possibles.

Certains militants pensent cependant qu'il est possible de forcer le destin en appelant à la convergence des luttes le plus rapidement possible et que les syndicats ont une responsabilité pour y parvenir. c'est le cas de la CNT et du "Front social" qui ont tenté de prolonger la grève, mais sans succès, contre les ordonnances Macron. Ces deux visions du syndicalisme ne sont pas nouvelles. On les retrouve dès l'origine du mouvement ouvrier. Le texte que nous a fait parvenir Juani en témoigne un peu. Au final, ce sont surtout les citoyens qui décideront des modes d'actions qu'ils entendent privilégier pour parvenir à unifier les luttes.

Ci-dessous la contribution de Juani, militant à la CNT :

 

Contre la grève en pointillés, revenons à la grève générale illimitée.

Un jour par-ci un jour par-là, c’est reparti pour les grèves « saute-mouton » . Pour les salarié-es que nous sommes, ces grèves nous mettent en difficulté. On laisse filer des journées de salaire, on s’expose aux sanctions, aux pressions, aux licenciements… Oui la grève est un droit, mais lorsque nous l’utilisons, il n’est pas rare que nous en subissions les conséquences.

Ces grèves ne servent à rien !

Les « mouvements sociaux » finissent par s’éteindre et les réformes par s’accumuler. Celles et ceux qui prennent les risques sont doublement sanctionné-e-s. Ces « journées d’actions » éparpillées sur plusieurs semaines voire plusieurs mois ne permettent pas de massifier le mouvement ni de créer de rapport de force. Au contraire, elles nous affaiblissent d’années en années. Il n’en faut pas plus pour nous dire que « la grève ne sert à rien » .

Ah rien, vraiment ?

Si vous aviez dit à un-e travailleur-se du début du 20e siècle qu’un jour on pourrait partir en congés tout en étant payé, il ou elle vous aurait traité d’hurluberlu. Si vous lui aviez dit qu’on pourrait un jour partir en retraite tout en ayant une rente, il ou elle vous aurez qualifié d’utopiste. Et pourtant aujourd’hui, ça nous semble avoir toujours existé. Il en a fallut des luttes, des grèves, des blocages, des occupations, pour que les travailleur-se-s arrachent des contre- parties à leur exploitation quotidienne. Oserions-nous traiter nos aïeux de fainéants-e-s ? D’autant plus que beaucoup n’ont pas bénéficié des droits pour lesquels ils et elles se sont battu-e-s ! Peut-être pourrions-nous en faire autant pour les générations futures ?

Et puis la grève, ça permet de remettre les pendules à l’heure : sans travail, pas de production. Sans production pas de bénéfices. Sans bénéfices, pas de richesse, pas de salaire pour le patron, pas de parachute doré, etc. Le ou la travailleur-se ne coûte rien, il ou elle produit tout.

Nos adversaires nous piétinent peu à peu et expriment un violent mépris pour la classe ouvrière. Certain-e-s travailleur-se-s ont intégré ce mépris au point de renier leur conscience de classe, de vouloir s’extirper coûte que coûte de la classe ouvrière, au point de se livrer à une guerre sans merci contre leurs collègues. Il n’y a pourtant aucune honte ni aucune méfiance à avoir vis-à-vis de ce que nous sommes. La classe ouvrière doit reprendre confiance en elle-même, elle pourra ainsi espérer obtenir de nouvelles conquêtes sociales.

Sans limites : grève générale.

Nous avons l’impression d’enfoncer des portes ouvertes lorsque nous disons plutôt que d’être des milliers à faire grève 20 jours de grève éparpillés sur six mois ( comme ce fut le cas en 2016 ), il nous suffit de faire 20 jours de grève d’affilé pour les faire plier. En trois mots : « Grève générale illimitée. » Et il est fort probable qu’une perspective de victoire inciterait nombre de salarié-es à prendre les risques qu’implique la grève. La tâche est immense et nous sommes conscient-e-s que la grève générale et illimitée a peu de chance d’éclater demain. Mais pour qu’elle advienne un jour, nous devons la préparer, nous devons nous organiser, nous solidariser, rétablir un rapport de confiance entre salarié-e-s des différents secteurs professionnels.

Notre syndicat s’inscrit dans ce quotidien. Et en attendant que les conditions soit réunies, nous
continuons et continuerons d’appeler à la grève générale illimitée.

Juani

Tag(s) : #Billet d'humeur

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