La solidarité ne fait pas partie du vocabulaire du Maire de Montluçon. D'ailleurs, ce dernier se dit "fou de rage" depuis l'annonce officielle de l'ouverture d'un centre d'hébergement provisoire pour demandeurs d'asile à Montluçon, en lieu et place de l'actuel hôtel F1 dans la zone St Jacques.
Si les mots ont un sens, on mesure mieux à quel point l'élu local dont l'ambition s'est fracassée à quatre reprises aux élections législatives est un homme colérique et apparemment peu sensible à la détresse humaine. Acceptant mal la contradiction, y compris dans son propre camp, celui qui s'apprête à laisser son mandat de Maire, peut être au mois de septembre, n'a pas de mot assez dur pour qualifier la décision du gouvernement, considérant qu'il aurait dû être consulté, avant que cette décision ne soit prise, comme si son mandat de Maire l'autorisait à arbitrer seul sur les dispositions humanitaires d'urgence qu'il convient de prendre en pareilles circonstances, au prétexte qu'il considère qu'une commune puisse s'exonérer de l'effort national de solidarité.
Mais le plus étonnant, c'est le silence assourdissant de certains élus de l'opposition si prompts d'habitude à se précipiter sur le clavier à la moindre occasion pour se mettre en avant ou s'indigner sur des questions secondaires. Ils avaient là pourtant une excellente occasion de réaffirmer les valeurs fondatrices, supposées être celles de leur famille politique, matérialisant ainsi un repaire idéologique fort par rapport aux arguties réactionnaires et conservatrices des élus de droite.
Réaffirmer le soutien aux réfugiés, exiger que des aides soient débloquées en leur faveur, prendre leur défense afin qu'ils soient accueillis dignement à Montluçon, nous parait la plus élémentaire réaction de tous ceux qui se revendiquent du camp des humanistes comme ils aiment se définir eux-mêmes.
Il est encore temps de réagir, à regardactu, nous attendons les manifestations de soutien aux réfugiés. Elles seront les bienvenues dans nos colonnes. À moins que certains pensent inopportun d'afficher une proximité avec des causes qui n'ont pas forcément le vent en poupe dans toute la population. Qui sait ? Quand bien même serait-ce le cas, il est important de réaffirmer avec force et gravité que c'est cela que l'on nomme le courage en politique.
Dans cette indifférence généralisée, "la çédille" de La Montagne de ce jour, 12 mai, fait du bien à lire. D'habitude, nous sommes assez critique vis à vis de cette presse. Raison de plus pour lui rendre hommage quand elle le mérite. Voici ce que l'auteur de cet entrefilet nous dit :
Nous partageons ces propos. Nous attendons maintenant qu'un vent de solidarité se lève pour clamer haut et fort que tous les montluçonnais ne sont pas opposés à l'ouverture de ce Centre d'accueil et d'hébergement pour réfugiés. Par le passé, Montluçon a absorbé plusieurs vagues d'immigration. Cela a d'ailleurs contribué à sa prospérité. Raison de plus pour ne pas oublier qui nous sommes et d'où nous venons.
Solidarité avec les réfugiés !
Philippe Soulié