Le dernier combat de Nanou

Nanou Ferrier nous a quittés ce 26 juillet à 9h du matin après avoir livré son dernier combat. Mais le cancer qui la rongeait a eu le dernier mot, comme c'est trop souvent le cas.

Nanou était très connue dans le milieu militant politique, associatif et syndical. Il est donc inutile et vain de tenter de la décrire. Chacun d'entre nous conserve au plus profond de lui-même (ou d'elle-même) un, ou des souvenirs qui nous rappellent combien nous l'avons aimé.

Elle avait écrit plusieurs textes pour regardactu. Inutile de dire que c'était un bonheur de la publier.

Pour celles et ceux qui ne la connaissaient pas, ou peu, j'ai choisi un des plus beaux billets qu'elle m'avait proposé en juillet 2015, il y a donc tout juste un an, et qui, a bien sûr été publié à l'époque. Quand vous l'aurez lu, alors vous saurez qui était Nanou.

Je finis cette intro, la gorge serrée et je souhaite vous faire partager aussi ce passage de l'opéra de Puccini "Nessun Dorma" avec Pavarotti qu'elle affectionnait tant (voir à la fin du texte).

Adieu Nanou, nous t'aimions tant tu sais.

Philippe

Je suis du parti des errants et des nomades, des chômeurs et des exclus

Je suis du parti de celles et ceux qui n'ont rien, de ceux qui souffrent , de ceux qui se fadent tout ce mépris , cette indifférence ou cette haine qui les a depuis longtemps, si longtemps choisis comme boucs émissaires .

Je suis du parti de celles et ceux qui ne savent pas, s’interrogent , qui doutent, qui brisent sans cesse leurs chaînes , ces putains de fers réels ou mentaux toujours remis par les élites de droite ou de gauche, pour diriger au final très bourgeoisement ces peuples qu'ils exploitent e/ou font crever.

Je suis du parti de celles et ceux qui se taisent , qui n'imposent pas leurs vérités , qui susurrent et questionnent sans être flics .

Je suis du parti de celles et ceux qui ne se pensent pas les seuls tolérants, agonisant les autres d'injures . De celles et ceux qui ne se croient pas investis d'une culture de meilleur goût que les autres, de celles et ceux qui se sentent détenteurs de la seule, la vraie KULTURE, à savoir la leur.

Je suis du parti des errants et des nomades, des chômeurs et des exclus de tout, des pauvres travailleurs et des travailleurs pauvres . Je suis du parti des enfants maltraités de tant de façons y compris par l'exclusion de leurs parents.

Je suis du parti de celles et ceux qui deviennent vieux, pauvres et abandonnés à la fois.

Je suis du parti des perdus, des égarés, des taulards, des expulsés,, des aliénés ....Oui, je suis du parti de tous ceux qui subissent de plein fouet cette aliénation économique et politique , de toutes celles et ceux qui ne répondent pas aux diktats bourgeois si bien enkystés dans toutes les couches de la population quelques soient leurs options sur la rose de ces vents qui furent politiques ... Il y a longtemps , déjà .

Nanou Ferrier

Montluçon le 21 juillet 2015

On me signale quelques difficultés pour démarrer la vidéo ci-dessus. Pour y accéder directement sur Youtube c'est ICI

Une page Facebook a été créée en mémoire de Nanou par Marcel Decker et Anne Tempelhof. Cette page a vocation à rassembler les textes de Nanou afin de les faire connaitre. Vous pouvez aller consulter cette page ICI et la liker si cela vous dit.

Comments

[Lucienne Lemoine]

J'avais cru reconnaître Nanou dans une manif, et j'ai failli lui dire combien j'aimais la lire dans Regard'Actu et puis bêtement, je n'ai pas osé.
Malandain, si cette photo n'est pas le meilleur choix, peu importe, ceux qui l'ont connue en ont certainement de meilleures en mémoire quant aux autres, ils garderont avant tout le souvenir d'une belle âme.

[RegardActu]

J'ai beaucoup hésité à mettre cette photo. Je l'ai finalement mise, puis je me suis révisé et l'ai retiré avant qu'on me le demande. Cela étant, si je l'avais mise dans un premier temps, c'est que Nanou l'avait placé elle-même en photo profil sur sa page Facebook. Nanou était en effet quelqu'un qui assumait pleinement ce qu'elle devait affronter, et c'est pourquoi elle avait tenu à mettre cette photo en profil.

Même avec la maladie, Nanou rayonnait et c'est pourquoi j'ai cru possible de mettre cette photo pour illustrer son article car je la trouvais digne et belle malgré la maladie. Mais je reconnais volontiers que ce n'est pas forcément une bonne idée, c'est pourquoi je l'ai finalement retirée pour la remplacer par une photos, qui je pense, fera consensus.

Au delà, cela met en évidence toute la difficulté de fonctionner sans comité de rédaction. Car je préférerais mille fois que cette décision soit prise de manière collective. Il m'arrive de commettre des erreurs, et je pense que pour cette photo s'en était une, car tout le monde n'est pas forcément prêt pour affronter cette vision.

Une dernière chose tout de même, Nanou avait accepté de faire toutes une série de portraits durant cette période avec Didier Ciancia qui est un photographe et portraitiste de grand talent. Ce sont des portraits essentiellement noir et blanc. Je ne diffuserai pas ces portraits, bien qu'ils soient magnifiques, car nous ne voulons heurter personne. Seuls, certains proches, s'ils le demandent pourront les voir. A travers ces portraits Nanou nous livre une ultime leçon de vie et de courage. Nous ne l'oublierons jamais.

[Malandain]

Il n'y aura pas polémique, Lucienne. Vous avez le droit de penser que peu importe, et je me réserve celui de penser que l'on ne définit ni ne représente quelqu'un par et dans sa maladie, et que ce n'est pas l'image qu'elle aurait souhaité laisser.

[Mothet Pierre]

Il y a des êtres qui font avancer les esprits et donc les humains, c'était le combat de Nanou. On dit souvent que personne n'est irremplaçable, mais dans son cas, je ne sais pas, je n'avais jamais vu un engagement, un tel refus du matérialisme, la capacité de tout comprendre, de pouvoir vivre et s'adapter à de multiples situations. Nanou était beaucoup pour beaucoup de gens en tout cas pour moi elle est fondamental, une forme de guide d'aide dans la vie. On a que très peu d'amitié aussi puissante dans la vie, elle me manquera terriblement. Voici le lien pour la pot commun afin d'aider à l'organisation de ses obsèques. https://www.leetchi.com/c/obseques-de-ses-enfants-ninon-et-charly

[Anne Gérard]

Parler de Nanou....Où trouver les mots pour dire ? Pour surmonter l'émotion ?
Ce texte d'Aragon (qu'elle ne renierait pas....) me parle d'elle, de son regard sur le monde et les autres...

"Je n’ai pas toujours été l’homme que je suis. J’ai toute ma vie appris pour devenir l’homme que je suis, mais je n’ai pour autant pas oublié l’homme que j’ai été, ou à plus exactement parler les hommes que j’ai été. Et si entre ces hommes-là et moi il y a contradiction, si je crois avoir appris, progressé, changeant, ces hommes-là quand, me retournant, je les regarde, je n’ai point honte d’eux, ils sont les étapes de ce que je suis, ils menaient à moi, je ne peux pas dire moi sans eux.

Je connais des gens qui sont nés avec la vérité dans leur berceau, qui ne se sont jamais trompés, qui n’ont pas eu à avancer d’un pas de toute leur vie, puisqu’ils étaients arrivés quand ils avaient encore la morve au nez. Ils savent ce qui est bien, ils l’ont toujours su. Ils ont pour les autres la sévérité et le mépris que leur confère l’assurance triomphale d’avoir raison. Je ne leur ressemble pas. La vérité ne m’a pas été révélée à mon baptême, je ne la tiens ni de mon père ni de la classe de ma famille. Ce que j’ai appris m’a coûté cher, ce que je sais je l’ai appris à mes dépens. Je n’ai pas une seule certitude qui ne me soit venue autrement que par le doute, l’angoisse, la sueur, la douleur de l’expérience. Aussi ai-je le respect de ceux qui ne savent pas, de ceux qui cherchent, qui tâtonnent, qui se heurtent. Ceux à qui la vérité est facile, spontanée, bien entendu j’ai pour eux une certaine admiration mais, je l’avoue, peu d’intérêt. Quand ils mourront, qu’on écrive donc sur leur tombe : il a toujours eu raison..., c’est ce qu’ils méritent et rien de plus. Il faut appeler les choses par leur nom."

Aragon

Les Lettres Françaises, n° 771, du 30 avril au 6 mai 1959

[Beaune Michel]

Je ne la connaissais que depuis quelques mois seulement...que de temps perdu. En peu de temps j'avais pu apprécier cette merveilleuse personne. Ces sont toujours les meilleur(e)s qui s'en vont....Au-delà de cette formule bien dérisoire, mesurons bien que nous sommes parfois entourés de gens merveilleux que nous ne connaissons pas, tant l'espace, médiatique notamment, est pollué par le jeu minable des politicards locaux et nationaux (de Droite et sociaux-libéraux ).

[Malandain]

Pas le meilleur choix,cette photo... Pas l'image que nous conserverons de Nanou...

[De Gouveia Geneviève]

Pour la première fois de ma vie je reste sans voix, putain de maladie qui nous enlève une personne qui nous donnait tant à réfléchir, qui voulait tout reconstruire, tout remodeler pour aider les gens laissés au bord de la route. Nanou tu me manques déjà tu laisses un grand vide dans le paysage Montluçonnais.

[Michael Courtois]

Je te lisais souvent. Je t'ai parlé quelque fois et ça m'avait fait du bien. Je te connaissait pas trop, juste assez pour t'aimer bien...
Je partage à regret...
Courage à ceux qui restent et qui t'aime.

[Paul Crespin]

NANOU,
Savoir que l’on ne bénéficiera plus, auprès de toi, de ces échanges frappés du bon sens populaire, ne se démarquant jamais d’une humilité naturelle porteuse de confiance, me remplit de désespoir ! Il nous manquera quelque chose de mobilisateur sur le chemin d’un humanisme vrai à reconquérir face aux tyrans du monde actuel qui se dit libre !!!
Savoir en même temps combien de signes d’amour tu offrais pour les gens d’une vie simple, toujours à la peine et toujours laissés pour compte, indique aussi que rien dans la construction des valeurs du COMMUN auquel tu participais, ne se fera sans eux et cela me remplit d’espoirs multiples, car ton combat reste le nôtre !
PAUL CRESPIN

[Lucienne Lemoine]

Sincères condoléances pour le décès de Nanou Ferrier.

Je ne la connaissais que par ses billets dans Regard'Actu et je dois dire que je les appréciais
beaucoup tant sur le fond que sur la forme.
Je pensais à elle dernièrement, ignorant qu'elle était malade, et je m'étonnais de son silence car
il y avait pour elle matière à s'exprimer.

[Malandain]

Je souhaite m'associer à la peine de tou(te)s celles et ceux qui l'ont connue. Pensées spéciales pour ses Enfants. C'est un profond déchirement.