Daniel Dugléry vient d'annoncer par voix de presse qu'il allait revoir le plan d'éclairage nocturne de la ville "après s'être fait remonter les bretelles par ses concitoyens à juste titre" pour reprendre sa propre expression. Il faut dire que certains habitants étaient très remontés contre les mesures prises par le Conseil municipal et avaient envoyé à la mairie une pétition signée par plus de 150 personnes sur le seul quartier de Blanzat. C'est la raison pour laquelle le Maire a décidé brutalement de changer son fusil d'épaule et de se rallier la proposition des riverains d'All'Chem de laisser allumé toute la nuit un lampadaire sur deux.
Les lecteurs de Regard-Actu se souviennent que le maire de Montluçon avait décidé de faire interrompre l'éclairage public sur la ville de 23h à 6h du matin afin de réaliser des économies substantielles à la ville. Cette décision faisait d'ailleurs partie de la batterie de mesures d'économies à réaliser pour pallier à la baisse injuste des dotations de l’État dirigé par le gouvernement "socialiste", alors qu'Hollande et Valls se sont opposé récemment de manière spectaculaire et honteuse aux mesures proposées (y compris par leur propre majorité) afin de détecter les tentatives d'évasions fiscales dans les paradis du même nom.
Même si beaucoup sont convaincus que la droite en aurait fait tout autant si elle avait été aux affaires, le Maire s'est empressé (à raison) de dénoncer ces baisses massives de financements qui contraignent les collectivités à opérer des coupes sombres dans leur budgets, même si parfois, celle-ci sont décidées sans grand discernement.
Ce fut le cas à Montluçon où les décisions n'ont pas été précédées de réelles études d'impact (et pas seulement financiers) ou de concertations avec l'opposition, ni même avec les acteurs de la société civile. Ainsi toutes ces mesures ont surtout impacté les populations les moins favorisées de la ville. Voici d'ailleurs une liste non exhaustive de ces mesures ci-dessous :
- Activités périscolaires à la charge des parents sans prise en compte des ressources des familles
- Fermeture de la maternelle Maurice Carême pourtant situés dans une zone prioritaire.
- Fermeture de point de restauration pour les personnes âgées
- Diminution des subventions aux associations sans considération de leur rôle social.
- Diminution drastique du nombre de feux rouges en ville
- Fin de la gratuité de l'occupation des locaux pour les syndicats et pour les associations.
- Extinction de l'éclairage public de 23h à 6h du matin, sauf en centre ville et dans les zones commerciales (on se demande pourquoi).
On notera au passage qu'aucune résolution n'a été prise, ni même envisagée pour réduire le budget de fonctionnement de la municipalité comme le proposait certains élus de l'opposition, même s'il ne faut pas être démagogique et penser qu'une telle décision aurait suffit à elle seule à éponger le manque à gagner consécutif aux baisses de subventions.
Plusieurs de ces mesures ont suscité et suscitent encore de la rancœur, et parfois même de la colère. Ce fut le cas pour l'école maternelle Maurice Carême qui a été fermée malgré la mobilisation de quelques parents. C'est le cas actuellement pour les organisations syndicales qui refusent toujours de payer la note salée que la municipalité leur a présentée au titre des charges, alors qu’aucun travaux d'isolation n'a été réalisé depuis des décennies, et c'est le cas depuis quelques semaines dans le quartier de Blanzat, dont les habitants s'estiment abandonnés, alors qu'ils sont situés dans une zone à hauts risques.
C'est d'ailleurs dans ce quartier que la contestation a pris le plus d'ampleur ces derniers temps, car c'est là que la restriction d'éclairage public a pris effet en premier, alors même le quartier est situé à proximité d'une usine classée SEVESO II seuil haut.
Pourtant, les habitants de Blanzat ne sont pas fermés à toute proposition. C'est la manière de faire qui les a choqués. Eux-mêmes étaient porteurs de solutions constructives au travers de leur association de quartier qui les défend ARAC03 (Association des Riverains d'All'Chem). Ils suggéraient à la municipalité de n'allumer qu'un lampadaire sur deux, ce qui aurait généré 50 % d'économie soit bien plus que l'économie réalisée en coupant la lumière de 23h à 6h sur certains quartiers.
C'est ainsi qu'ils ont vainement tenté de se faire entendre par voix de presse., et c'est bien volontiers que Regard-Actu a accepté de s'en faire l'écho dès le 11 octobre dernier (lire ICI). Mais l'important, c'est que le Maire ait finalement pris conscience de l'importance du mécontentement qu'avait provoqué la décision inconsidérée votée par sa majorité et qu'il se soit rallié en définitive à la proposition formulée dès octobre dernier par l'association de quartier de Blanzat. Mais que de temps perdu !
À noter aussi que le service de presse de la Mairie n'a communiqué cette information qu'à la presse traditionnelle. Regard-Actu n'en a pas été destinataire, et pourtant, ce n'est pas faute de leur rappeler que nous existons.
À cela, il y a au moins un enseignement à tirer. Les citoyens ne peuvent plus compter sur les partis politiques de droite comme de gauche pour faire entendre leurs revendications et leurs propositions, pourtant de bon sens. Ils doivent donc compter sur eux même et se constituer en assemblées citoyennes pour élaborer eux-mêmes leurs doléances (façon états généraux), puis créer les conditions de la mobilisation citoyenne nécessaire pour se faire entendre. c'est ce qu'ont fait les habitants de Blanzat de manière exemplaire. A la décharge du Maire, il faut cependant reconnaitre que sa capacité à écouter ses administrés est largement supérieure à celle du président de la République qui a perdu tout contact avec le pays.
D'autres mobilisations sont à venir. On pense à la mobilisation des syndicats qui exigent à juste titre le maintien de la gratuité des locaux au titre des services qu'ils rendent à la collectivité (soutien aux salariés, aides juridiques, soutien aux chômeurs, etc)
Or, eux aussi sont porteurs de propositions alternatives à la décision de leur faire payer des charges beaucoup trop importantes pour leur budget. Ceux-ci suggèrent en effet que les charges de leurs locaux, déjà minimes pour Montluçon, eu égard à son budget global, soit réparties de manière équitable entre toutes les communes qui appartiennent à la communauté d'agglomération.
Si une telle solution était retenue, cela éviterait un conflit qui s'annonce à tout point de vue dévastateur pour la majorité municipale, tant par son ampleur que par sa durée. Il ne reste plus qu'à espérer que notre Maire qui ressent le besoin de dialoguer avec ses administrés, ressente la même impérieuse nécessité de le faire avec les organisations syndicales qui lui adressent une proposition frappée du bon sens commun. L'écoute des citoyens et le dialogue avec les différentes instances qui les représentent restent, quoi qu'on en dise, la seule solution pour éviter les conflit et les résoudre en douceur. Espérons donc que le bon sens l'emporte.
Philippe Soulié
*Mise à jour et rectificatif, le 27 décembre :
Un lecteur me signale sur la page Facebook de Regard-Actu que la Montagne a bien relayé la pétition initiée par les habitants de Blanzat (voir ICI). l'article a donc été modifié dans ce sens. Toutes mes excuses. c'est le communiqué qui suit qui n'a pas été relayé.
Expression des habitants de Blanzat :
Depuis début octobre, dans le quartier de Blanzat, les rues M.Auclair, Chauny,Cirey, Commune libre, Danton, Darwin, Dumas, Glacerie, Hennecart, Hoche, Kléber, Marceau, Mariniers, Tabourdeau, allée des Biachets, cité de la Glacerie, place Blanzat, sont plongées dans le noir total de 23 h à 6 h du matin, prétextant des économies d’énergie !!!
- Pourquoi, si c’est la vraie raison, les autres quartiers de Montluçon sont-ils traités différemment puisqu’ils profitent de l’éclairage public entier et toute la nuit. ?
Pourquoi si l’on veut faire des économies, n’applique-t-on pas la règle simple et égalitaire qui consiste à soumettre tout le monde à la même enseigne ? Un lampadaire sur deux éclairé après 23 h dans toute la ville c’est 50 pour cent d’économie.
- Pourquoi mettre certaines personnes dans un ghetto ?
- Pourquoi leur imposer un couvre feu ? car c’est exactement ce qui se passe.
On ne peut plus sortir ou rentrer chez soi étant dans l’insécurité la plus totale. Les habitants réclament que dans les plus brefs délais un éclairage décent soit remis en place.
Les habitants du quartier avaient demandé au Maire une réduction des impôts locaux , compte tenu de la dévalorisation de leurs biens immobiliers, liée à la proximité de l’usine All Chem classée Seveso 2 seuil haut, celui ci ne l’a pas accordée alors que beaucoup de maires ayant des administrés dans des conditions équivalentes l’ont fait, mais de plus il leur impose un régime différents de ses autres administrés, alors que ceux-ci payent leurs impôts comme tout le monde ? Est-ce là l’égalité pour tous prônée par notre république dont il est le garant ?
Des habitants de Blanzat en colère
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