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Encore un coup pour rien dans l'arbitrage du conflit qui oppose les salariés de l'EHPAD de la Charité et l'association qui gère l'établissement. Les quatre représentants de l'ARS et du Conseil Général dépêchés sur les lieux n'ont en effet toujours pas tranché dans le vif malgré une situation qui continue à s'aggraver.
Pourtant, les tensions sont exacerbées sur les lieux de travail et le taux d'absentéisme qui a explosé a convaincu les élus du CHSCT (Comité d'Hygiène et de Sécurité) de faire voter une expertise, comme il nous a été rapporté, il y a de cela plus d'une semaine.
Dans cette situation de crise, on comprend difficilement que les organismes de tutelle se contentent d'exprimer de simples recommandations, alors que le Directeur, d'ailleurs absent de cette réunion pour raisons personnelles, est mis en cause par une partie importante du personnel et par leurs représentants siégeant dans les différentes instances de l'EHPAD.
Un dialogue social en panne
La réunion à laquelle était convié le personnel à l'initiative des tutelles n'a débouché sur rien de concret. C'est donc le statu quo et cela ne peut satisfaire personne. Pourtant, durant la réunion les membres du CHSCT ont solennellement interpellé le Conseil général et l'ARS et n'ont pas mâché leurs mots "vous attendez que cela fasse comme à France Télécom ?" s'est exclamé notamment l'un d'eux devant des interlocuteurs médusés qui n'ont, semble-t-il, pas pris la mesure de la gravité de la situation.
Rassemblement de soutien aux salariés devant l'EHPAD. © Didier Ciancia
À l'extérieur, une soixantaine de personnes attendaient de connaitre le résultat de cette réunion d'information. Des banderoles avaient été installées un peu partout sur le site. Deux d'entre elles ne laissaient aucun doute sur les revendications de ceux-ci. Sur l'une, on pouvait lire "Depoux, Eudier, démission" et sur l'autre "L. Christ, Dominique Gillardeau, retour", tandis qu'en hauteur et au-dessus de l'entrée de l'établissement, une troisième disait "Sauvons l'EHPAD". On ne pouvait être plus clair ! À noter la présence de deux syndicats SUD et CGT qui ont clairement affiché leur unité et leur soutien aux salariés alors que le syndicat FO, pourtant présent dans l'établissement brillait par son absence.
Des revendications clairement exprimées.
Malgré cette réunion dont le résultat apparaît en demie teinte, une rencontre devrait tout de même avoir lieu rapidement avec les tutelles, suite à une demande formulée par le syndicat SUD, les élus du personnel et le comité de défense des salariés en lutte. Mais que pourra-t-il en sortir si l'ARS et le Conseil général n'ont pas la possibilité de prononcer la mise sous tutelle de l'association ? Quelle est d'ailleurs leur marge de manœuvre ? C'est la question que se posent maintenant les salariés qui revendiquent encore et toujours le retour de l'ancien Président, Laurent Christ et de l'ancien Directeur, Dominique Gillardeau.
Conciliation aux prud'hommes
La prochaine étape du conflit se déroulera devant le tribunal des prud'hommes le 12 juin avec le début de la procédure engagée par le Directeur licencié. Une réunion obligatoire de conciliation entre les deux parties qui devrait permettre d'y voir plus clair à propos des demandes de chacun.
Lors de l'assemblée générale de l'association qui gère l'EHPAD de la Charité, l'avocat de l'association prétendait que le coût du licenciement du Directeur n’excéderait pas les 35 000 euros. Cet excès d'optimisme pourrait bien être remis en question lorsque la partie adverse fera connaître ses propres estimations pour le préjudice subi. La suite, on peut aisément la deviner. À moins d'un coup de théâtre de dernière minute, il n'y aura pas d'entente possible et l'affaire sera certainement jugée à une date ultérieure. De quoi maintenir la pression dans les deux camps et aggraver encore un peu plus les relations entre les partisans du retour de l'ancien directeur et ceux qui souhaitent que tout s'arrête maintenant.
Le Maire aux abonnés absents
C'est pourtant le Maire de Lavault St Anne qui était au centre de cette polémique. Mais aujourd'hui, il a disparu "de la circulation". Alors qu'il était omniprésent jusqu'au licenciement de Dominique Gillardeau, il a progressivement déserté l'établissement depuis que les organismes de tutelle ont mis le doigt sur les problèmes de gouvernance de l'association. Tout se passe aujourd'hui comme si Samir Triki ne voulait plus apparaître au premier plan de peur de donner des arguments à ses détracteurs.
Mais les lavaultois ne sont pas dupes et savant bien que le maire agit en sous-main pour conserver son pouvoir d'influence comme il l'a montré lors de l'assemblée générale du 27 avril denier en s'entourant de deux avocats et d'un huissier afin de mieux museler ses opposants au sein de l'association.
La mobilisation reste à l'ordre du jour
Même si la fatigue se fait lourdement ressentir pour celles et ceux qui se donnent sans compter depuis le début du conflit, ce n'est pas maintenant et après six mois de lutte intense que les salariés et leur comité de soutien veulent céder. D'autres actions sont en préparation à commencer par un rassemblement prévu le 12 juin prochain devant le tribunal des prud'hommes à 13h 30 pour soutenir l'ancien Directeur de la Charité. Mais d'ici là, tout reste possible. En tout cas, une réunion est déjà programmée pour préparer d'autres actions et interventions.
A noter qu'une fois de plus le journal "La Montagne" a brillé par son absence. Bravo à ce grand journal indépendant qui ne cède jamais aux pressions et aux lobbies.
Les photos qui suivent sont de Didier Ciancia. © Didier Ciancia, tous droits réservés.
