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C'est à un rassemblement impressionnant auquel on a assisté ce soir devant les locaux de La Montagne. Un des journalistes du journal confiait tout à l'heure que les RG avaient donné le chiffre de 6 000 personnes massées sur la grande allée et sur l'avenue qui avait été barrée à la circulation un peu plus haut par les forces de l'ordre.
Foule immense ce soir devant les locaux de La Montagne
Toutes les sensibilités politiques étaient représentées et dans la foule, nombreux étaient ceux qui brandissaient l'affichette qui circule largement sur les réseaux sociaux "Nous sommes tous Charlie". Ils étaient là, nombreux, de tout âge et de toutes conditions.
Le Maire était présent lui aussi et s'était placé juste devant l'entrée du journal ceint de son écharpe d'élu. Ils étaient entourés de plusieurs autres élus de la majorité. À proximité, les élus de l'opposition étaient également présents ainsi que des responsables syndicaux et associatifs. Mais aucun d'entre eux n'arborait de signe d'appartenance quelconque. Une manière de remiser au placard les différences pour afficher l'unité de toutes les sensibilités pour la défense des principes fondamentaux qui fonde notre république et la démocratie.
Le Maire davant les locaux de La Montagne entouré par d'autres élus
Cette veillée géante a duré longtemps. Le silence était pesant. Quelques personnes se sont risquées à fredonner la Marseillaise, mais elle ne fut pas reprise par la foule rassemblée. Quelques-uns ont également brandi des stylos en signe de solidarité avec les journalistes. À certains moments, fusaient des applaudissements repris plus volontiers que la Marseillaise.
Des hommages unanimes durant la manifestation
Certains ont brandi un simple crayon ou un stylo
Des bougies ont aussi été allumées par des anonymes devant la façade du journal en mémoire des victimes de cet attentat qui restera dans les mémoires comme un des actes de barbarie les plus horribles commis sur le territoire français depuis bien longtemps.
Des bougies allumées sur la façade de La Montagne
Ce n'est finalement que vers 19h 30 que des groupes ont commencé à se retirer progressivement et comme à regret de ne pas prolonger cette veillée funèbre.
Il y a eu un avant et il y aura un après à cet attentat. Nous savons maintenant que dans notre pays, les journalistes et les caricaturistes sont menacés par les extrémistes. Et chacun semble se demander "vont-ils gagner contre la démocratie ?"
Une première réponse vient d'être apportée. Un élan national sans précédent permettra au journal satirique de paraître mercredi prochain. Il sera même tiré à un million d'exemplaires. On peut parier qu'ils seront tous vendus. Mais c'est pour la suite que la question se pose, car Charlie était confronté à des difficultés financières. Ils avaient d'ailleurs fait appel à la générosité de ses lecteurs. Depuis l'attentat les dons affluent de toute la France et le gouvernement lui-même se dit prêt à mettre la main à la poche pour permettre à ce journal de continuer à exister. Car l'enjeu n'est pas moindre. En quittant les lieux, les assassins ont crié "On a tué Charlie hebdo". Il faut leur montrer que non seulement, c'est faux, mais qu'en plus, Charlie Hebdo est devenu l'étendard de notre liberté.
panoramique de l'immense foule réunie devant les locaux de La Montagne ce jeudi 8 janvier
Article ajouté le 9 janvier à 20h30 :
Nous étions tous là ce soir là, mais peut être pas tous pour les même raisons. Nanou nous livre son analyse.
Il était impressionnant ce rassemblement , empreint, il est vrai de gravité , silencieux , sans signes quelconques d'appartenance . Il était d'unité républicaine apparente . Il est nécessaire d'apparaître comme unis, quand la République tremble .On canalise ainsi un tsunami émotionnel qui peut s'exprimer avec violence dans bien des débordements .On figure aussi une République forte , capable de faire face à l'adversité, unie, capable de résister, et c'est rassurant pour les citoyens rassemblés qui, avouons-le ont peur .
Peur que cette République qui ne se révèle guère juste et efficace sur le plan politique et social, ne soit en train de s'effondrer .
Peur que cette République ne soit attaquée par des forces terroristes plus puissantes qu'elle-même .
Peur d'une guerre idéologique et violente sur le territoire Français qu'ils pensaient hors d'atteinte des combats armés qui se jouent depuis si longtemps à l'extérieur .
Peur pour leurs enfants, pour leurs proches, pour eux , pour demain, un demain qui aurait pointé son nez le 7 lors de ces sommaires exécutions de 12 personne à Charlie Hebdo .
Peur, pour les musulmans et plus largement pour tous les citoyens issus de l'immigration du sud de devenir les gibiers de va t'en guerre qui surfant sur la haine, font amalgame entre des fous meurtriers et eux qui vivent paisiblement ici .
Oui, cette Peur tissée de toutes ces peurs se sentait . S'écoutait aussi , elle se disait tant et par tant de gens différents .
Pour l'unité républicaine, je le répète, la démonstration était forte, mais l'unité fictive, si çà ne se voyait pas , çà s'entendait plus en glanant de ci, de là les propos des uns et des autres . Dans ce grand rassemblement de 6 000 personnes, bien sûr, il y avait les copains pacifistes habituels, les résistants à la haine, à toutes les haines , ces farouches partisans du vivre ensemble . Et ....les autres , qui eux défendent des thèses guerrières et haineuses, qui parlent d'envahisseurs, de vengeance , et j'en passe .
Tous étaient sous le choc de cette tragédie, d'abord parce que 12 personnes innocentes abattues c'est insupportable , après parce que Charlie Hebdo est un symbole de la liberté et de l'insolence si salutaire pour briser le silence ronronnant des propos convenables et convenus . Certains m'ont dit s'être éveillés politiquement grâce à Charlie , d'autres parlaient avec chagrin de l'irréparable perte de Cabu , Wolinski, Charb , nos irrespectueux caricaturistes comme si ils avaient parlé de frères de rires et de combats . Tous, les pacifistes et les guerriers, les calmes et les agités, étaient sous le choc, avaient peur, et un profond chagrin devant tel désastre . TOUS.
Pourtant tous n'avaient ni la même analyse, ni la même peur et terrible dans cette assemblée recueillie filtrait la division républicaine . La fragilité de la République .
Je repensais en marchant à cette trop fameuse guerre de civilisation dont on nous rebat les oreilles depuis plus de 10 ans , comme pour installer en conscience une terreur , exacerber un repli nationaliste ET étriqué... Je ne devais pas être la.
Alors , un beau et grave rassemblement de 6 000 personnes, certes. Une façade républicaine toutefois qui ne doit pas plus que çà faire illusion . Il convient d'être là et bien là pour éviter le pire . De faire preuve de raison, de réflexion, de résister, chacun à son niveau et selon ses moyens pour éviter cette barbarie appelée autant par l'extrême-droite que par certains fous de dieu .
PS : Le FN était de ce rassemblement et Samedi Mr Gollnish vient à Montluçon .
PS: Et je me souvenais l'an dernier de ces 3 jeunes femmes kurdes, inconnues, abattues toutes 3 d'une balle dans la tête dans leur local à Paris . C'était le 10 janvier . L'émotion fut moins grande, la société du spectacle glisse sur les anonymes , leurs droits et leur LIBERTE .
Didier Ciancia, photographe qui alimente souvent Regard-Actu en photos était aussi dans la foule. Il a réalisé toute une série de clichés durant cette soirée; Ils sont évidement de bien meilleure qualité. Les voici ci-dessous
Clichés photographiques réalisés par Didier Ciancia lors du rassemblement du 8 janvier 2015. © Didier Ciancia, tous droits réservés.