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La CFDT vient à nouveau de s'illustrer en excluant le secrétaire du syndicat commerce et services Ile France (SCID). Le 5 mai dernier, la direction de la confédération a fait changer les clés du local syndical de ce syndicat pour empêcher les militants d'y penétrer. Il y 25 ans, elle faisait la même chose avec le syndicat CFDT Poste durant la grève des camions jaunes.
C'est ainsi que le syndicat SUD PTT est né. D'autres suivront comme CRC ( Coordonner Rassembler, Construire) qui deviendra plus tard SUD santé Sociaux, ou SUD Rail que l'on voit aujourd'hui à la pointe du combat contre la réforme ferroviaire à la SNCF ou encore SUD éducation pour ne citer que les plus connues. Depuis de nombreux militants CFDT sont venus rejoindre la myriade des SUD au sein de Solidaires dont les effectifs atteignent maintenant les 110 000 adhérents, soit 20 000 adhérents de plus qu'il y a quatre ans.
De son côté, la CFDT continue son "nettoyage" interne, fait en sorte de faire rentrer dans les rangs tous les dissidents ou de les écarter de leurs responsabilités. Une stratégie qui lui permet d'être reconnue comme l'interlocuteur privilégié du MEDEF et du pouvoir en place, mais l'éloigne toujours plus des salariés qui subissent de pleins fouets les effets de la crise.
Cette très grande proximité avec le pouvoir et le patronat excède de plus en plus les militants de la CGT de la FSU et de Solidaires qui se sont opposés aux contre réformes approuvées par la centrale syndicale réformiste. Au point qu'en mars 2013, des militants de la CGT de Lille n'ont pas hésité à bruler un drapeau de la CFDT lors d'une manifestation contre l'ANI. Et même si la confédération CGT avait condamné à l'époque cet acte comme le relevait le Figaro, la tension n'est pas retombée depuis.
Dernier évènement en date, la grève à la SNCF durant laquelle la CFDT a pris ouvertement le parti du gouvernement et de la Direction de l'entreprise. Cette nouvelle passe d'armes entre syndicalisme de luttes et de transformation sociale d'un côté et syndicalisme d'accompagnement et de compromis(sion) de l'autre met plus que jamais en évidence le schisme qui s'est opéré au sein du mouvement syndical français.
La lutte des intermittents et des cheminots est aussi révélatrice du fait que les travailleurs en lutte ne font plus guère de différence entre le MEDEF, le gouvernement et les syndicats qui accompagnent les reculs sociaux. C'est la raison pour laquelle les syndicats qui soutiennent et accompagnent les luttes en cours (CGT, FSU et Solidaires) vont devoir redéfinir ensembles les contours des alliances qui sont pertinentes, faute de quoi ils pourraient bien être mis dans le même sac et subir le même rejet. Bref, le débat est ouvert.
Philippe Soulié
Plus d'infos :
Le 5 mars 2013, des militants de la CGT excédés par les orientations de la confédération CFDT brulent leur drapeau en pleine manif.